PROVINCIAL DES ECOLES CONVENTIONNEES CATHOLIQUES ( Province de BANDUNDU ).
« Doux est le sommeil de l’ouvrier ; qu’il ait mangé peu ou beaucoup » ( Cfr Qoh. 5, 11 ).
00. Introduction
Mardi 10 Juillet 2007, il est 17 h 30, l'Abbé BOINA Pius de la Croix venait de rendre l'âme à l'hôpital Mama Yemo de Kinshasa après une opération de la prostate. Le médecin traitant ainsi que les confrères prêtres qui veillaient au chevet du malade, après avoir pratiquement tenté l'impossible( soins intensifs, opération et observation à la salle de réanimation, courses en voiture à travers les pharmacies de la Capitale, démarches pour un transfert probable en Europe, sans compter les appels téléphoniques), nous avaient d’avance informé sur l'inévitable destin. Tout le Diocèse d'Inongo, dès l’instant même, était plongé dans le deuil. De Kinshasa à Inongo, et de toute part, à travers le monde, des messages de condoléances nous sont parvenus, par courrier électronique, par téléphone, par écrit, ou simplement, de vive voix.Enfin, tous, nous devrions accepter, au plus profond de notre foi, la dure et paradoxale réalité de la mort comme voie obligée pour accéder à la plénitude de la Vie, dans la gloire de la résurrection.Toutefois, en effet, pourrait-on se demander, qui fut l'Abbé Pius Boina? Que peut-on retenir de la vie et du ministère sacerdotal de ce serviteur de Dieu?
I. VIE ET MINISTERE SACERDOTAL
Prêtre du Diocèse d’Inongo, l'Abbé Pius Boina est né le 21 Janvier 1934 à Gomelenge, dans le District du Maï-Ndombe, plus précisément, dans le Territoire d’Inongo même. Fils d'un Pasteur protestant, chef coutumier dans la tribu des Bolia, Mr l'Abbé Boina avait, dès le bas âge, embrassé plutôt, contrairement à la religion de ses parents, la foi catholique et n'a souffert d'aucun obstacle de la part de ceux-ci. C’est même au nom de leurs convictions chrétiennes qu’ils encourageront leur fils à répondre librement et en toute conscience à l’appel de Dieu. Leur soutien sera sans relâche, et cela jusqu'à son ordination comme prêtre, le 07 Juillet 1963. Envoyé par son Evêque, Mgr Jan VAN CAWELAERT à L'Institut catholique de Paris pour une spécialisation en sciences de l'éducation, l'Abbé s'en sortira avec un diplôme de maîtrise, en 1971. Rentré au pays, la même année, l'Abbé répondra toujours avec disponibilité à ses différentes affectations. Il exercera, tour à tour, les fonctions suivantes: vicaire dans la Paroisse Notre Dame de Fatima à Oshwe et préfet du Cycle d'orientation ( C.O ), Inspecteur diocésain et plus tard Coordinateur diocésain, chargé en même temps de la pastorale dans la région des Basengele ; Curé à Nioki, à Oshwe, et enfin, coordinateur provincial à Bandundu. C'est là même que le Seigneur le rappellera à Lui, en plein ministère, au service de Son Eglise et de l'Etat congolais.L'Abbé Pius BOINA nous laisse un témoignage éloquent comme prêtre, homme de Dieu et comme confrère. Nous garderons de lui, encore longtemps dans nos mémoires, l'image d'un homme de devoir, disponible, sincère et franc, aimant dialoguer; bâtisseur et voyageur infatigable, bon gestionnaire et homme compétent. Ses plus proches collaborateurs retiendront de lui surtout son esprit de collaboration, son sens d'écoute, sa rigueur dans le travail, et comme son secret, une vie de discipline. Tous sont unanimes pour lui reconnaître toutes les qualités d’un "homme de principe" mais qui, par ailleurs, ne manquait pas d'humanité.A la veille de la célébration du centenaire de l'évangélisation du Maï-Ndombe, le Diocèse d'Inongo pleure un serviteur de Dieu qui est plutôt entré dans la joie de son "Maître" ( Cfr Mth 25,21 ).II. "HEUREUX CEUX QUI MEURENT DANS LE SEIGNEUR..." ( Ap. 14,13 ).
Qui pourrait mieux que les paroles de l'Ecriture nous consoler d'une telle disparition? En effet, nous en étions, encore une fois de plus, convaincus lors cet évènement malheureux. A Inongo tout comme à Bandundu où l'Abbé Pius Boina a vécu et excercé son ministère, les cérémonies d'adieu ont été marquées du signe de la Croix victorieuse; victoire de la Vie sur la mort, victoire du Christ ressuscité d'entre les morts et vivant à jamais. Faits et cérémonies en disent long.
II. 1. L'escale à Bandundu
Selon le programme arrêté pour les funérailles, c'est samedi 14 Juillet 2007 que tout Inongo s'était apprêté à accueillir dès l'aéroport la dépouille de l'Abbé Pius Boina que devrait transporté un avion de la Compagnie aérienne "Gys air", affreté pour la circonstance. Mgr Philippe NKIERE, Evêque d'Inongo, parti plus tôt, à Kinshasa, pour participer à des réunions, a dû interrompre son séjour pour retourner avec la dépouille mortelle dans son Diocèse. Il avait ainsi pris place à bord de cet avion, tout comme Mgr André Mongo , Vicaire épiscopal de la région pastorale Nord, et une délégation d'ecclésiastiques d'Inongo, présents à Kinshasa pour accompagner l'Abbé jusqu'en sa dernière demeure.L'attente était bien longue à cause de l'escale inévitable de Bandundu. Le Gouverneur avait accepté de supporter aux frais du gouvernorat provincial les taxes de la RVA. Une escale haute en couleurs, semblerait-il: fanfares et escorte militaires, protocole d'Etat, honneurs officiels et bien sûr procession au rythme des chants marials et autres refrains habituels en cette circonstance, et comme pour tout couronner, une escorte de plus de 20 voitures s'était dirigée d'abord vers sa résidence et ensuite à la cathédrale. Les différentes délégations ont fait leur dernier hommage à l'illustre disparu: le gouverneur lui-même et son cabinet, l'Assemblée provinciale à laquelle avaient pris part des députés provinciaux du Maï-Ndombe, l'inspection provinciale de l’enseignement, les ressortissants du Maï-Ndombe, des médecins de la Province en réunion à Bandundu, de nombreux chrétiens venus de toute part, dans la Ville de Bandundu.Il n'est pas vain de faire échos de la générosité de ses fidèles de la Paroisse de Saint Paul et de Saint Hyppolite pour leur enveloppe remise à Mgr Philippe comme frais de participation aux funérailles. C'est de cette façon que l'Abbé Pie a dit définitivement au revoir à la ville de Bandundu et à ses « Bakristu », ses frères et soeurs dans le Christ. Après cette escale de plus de 2 heures de temps, le bi-moteur de la compagnie "Gys air" poursuivra son routing jusqu'à Inongo, sa destination finale.
II.2. L'arrivée de la dépouille à Inongo
A Inongo, c'est-à-dire, à l'aéroport d'Inongo, nous étions tous présents: ecclésiastiques, les officiels de l'Etat, la Police Nationale, le Commandant de la gendarmerie et quelques éléments de FARDC, la population d'Inongo et la famille de l'Abbé. Dès l'arrivée de la dépouille, celle-ci fut accueillie au pied de l'avion par les ecclésiastiques; Mgr Bolengo, Vicaire général du Diocèse d'Inongo, avait procédé directement par des absoutes; ensuite ce fut le tour de la famille de recevoir leur ndeko avec des pleurs, des cris de détresse et des lamentations. Comme pour les cérémonies traditionnelles, lors de la mort d'un chef ou d'un notable, les tam-tams des chefs ont résonné. Qui ne pouvait pleurer en ce moment? Qui pouvait retenir encore ses larmes? Nous étions tous plongés dans le deuil et le déchirement. L'Abbé quittait ce monde à un moment inattendu. "Sic transit vita" (…).Le cortège à Inongo avait également des allures de celle à Bandundu: motards avec sirène, bus et autres véhicules d'Inongo devant la dépouille. Quant à la population, elle nous suivait à pieds et les voitures roulaient au ralenti. L'Abbé est arrivée devant la Cathédrale lorsqu'il faisait déjà 17 h. Nous avons procédé à d'autres absoutes avant le début de la veillée mortuaire. Quel spectacle! On dirait que tout Inongo s'était donné rendez-vous: pas de trouble, pas de cris déplacés, pas de dispute, aucune palabre, et moins encore, de la bousculade. L'homme est mort comme il a vécu. Pendant la veillée organisée à la Cathédrale d'Inongo, nous étions tous impressionnés du climat qui a dominé: prière et méditation, ordre et discipline, hommage déférent et témoignage éloquent, bref, nous pleurions un "serviteur de Dieu".Dimanche 15 Juillet 2007, le peu de temps qui nous restait encore pour lui dire Adieu ont été consacrés à la messe des funérailles et à l'enterrement, sous un soleil de saison sèche, presque fuyant et caressant à peine nos visages sombres et nos yeux larmoyants. Mgr philippe, l'officiant des cérémonies, a loué le courage de l'Abbé Pie et son franc-parler. Il n'a pas omis de louer, par ailleurs, son humilité: un homme prêt à accepter des remarques, et toujours disponible. Homme des relations et aimant son travail, pédagogue chevronné. D'autres témoignages ont ponctué cette célébration: le CDD "ad interim", le Clergé d'Inongo, les Soeurs de l'Immaculée Conception d'Inongo, les enseignants ainsi qu’un membre de sa famille restreinte.A la fin de la messe, et comme à l'accoutumée, l'Abbé Pius Boina était conduit à sa dernière demeure, au cimétière des ecclésiastiques d'Inongo, non loin du marché d'Inongo.
CONCLUSION
Que dire encore, sinon que "le Seigneur a donné, le Seigneur a pris. Que Son Nom soit glorifié. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, et pourquoi pas le malheur?" (Jb 1,21). L'auteur du livre de Job nous posera à jamais cette question. Le Diocèse d'Inongo, comme Job, s'en remet à l'Eternel pour tous les bienfaits reçus, grâce au ministère de son humble serviteur. La même gratitude s'adresse également à tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont soutenus moralement et financièrement. Que l'âme de notre cher confrère repose en paix.
Adieu et très bientôt!
Abbé Joseph BELEPE
Paroisse Saint Jean-Baptiste